vendredi 21 décembre 2007

Si Stavroguine croit, il ne croit pas qu'il croie. S'il ne croit pas, il ne croit pas qu'il ne croie pas.

Bien le bonjour!

Si je n'ai pas poste pendant un bon moment, c'est tout simplement que depuis ma derniere visite je n'ai pas eu d'acces internet.

Le lundi 2 decembre au soir, j'ai donc enfin quitte Sydney pour un periple d'une petite semaine sur la cote est, en direction de Byron Bay. La premiere nuit, on est pas alle bien loin. 200 kilometres peut-etre avant de s'arreter aux environs de Newcastle. Puis on a quitte la route principale pour aller un peu dans l'outback ; voir si pouvait appercevoir quelques kangourous ou creatures etranges. Toute la journee, on a roule, un peu au hasard, choisissant des routes selons leurs attraits et l'humeur du moment. L'Australie il faut le dire a le merite d'avoir un paysage qui fascine. Tout parait infini ; les arbres immensent, la foret qui borde la route et la plonge dans l'ombre ; le ciel mysterieux, qui ne semble pas avoir de fin, ce que je ne m'explique toujours pas puisqu'enfin on a le meme en France ; les horizons, elles aussi repoussees jusqu'a ce que nos regards s'y perdent. Est ce le delire de nos imaginations? Je prefere me dire qu'ici tout est plus grand, et que l'homme prend ici a juste titre la mesure de ce qu'il est ; vertige, reminiscence d'un passe ou le monde n'etait pas encore a l'image de l'homme ; ou la nature s'appartenait encore. Le temps des mythes et puis des dieux.

Notre journee dans l'outback s'est terminee sur la cote est, pas tres loin d'une petite ville nommee Kempsey. Retour parmi les touristes ; ondes negatives qui nous ont fait vite fuir. On a tourne pendant un moment sur les routes d'une foret, sans oser trop s'aventurer dans les petits chemins dont on ne savait si on pourrait en sortir, pour finalement decourager, s'arreter au milieu d'un essaim d'insectes, un million de bestioles ressemblant plus ou moins a des libellules ; grosses et bruyantes. On essayait de manger au milieu de ce boucan quand de nulle part, une locale et une brouette sont arrives avec un grand sourir, pour nous conseiller un endroit magique dit-elle, et pas tres loin. On s'est donc engage dans la foret, sur un chemin chaotique, mais sur d'arriver quelque part.

Apres quelques dizaines de minutes, c'est une petite clairiere au milieu de la jungle qui nous a decide. On a plante la tente, prepare le campement puis on est parti a l'aventure avant que le soleil ne se couche. Je dois dire la verite, on etait surexcite et legerement inquiet. Des bruits etranges raisonnaient autour de nous, et l'idee de se retrouver nez a nez avec une grosse araignee ou un serpent visqueux ne nous etait pas completement etrangere. Au bout d'un petit quart d'heure de marche, oh surprise, c'est l'ocean qui se fit entendre.

S'il n'etait pas vraiment facile d'acceder a la plage - surtout que con de citadins, on etait en claquette -, je crois qu'on peut dire que l'effort fut recompense. Elle etait immense, blanche et sauvage. Entouree d'une jungle verdoyante et vivante. Le sable n'avait pas du etre foule depuis longtemps parce qu'il etait n'y avait pas d'autres traces que celles des crabes et de quelques kangourous qui avaient du festoyer la nuit precedente. Un petit paradis comme on en voit souvent a la tele. Dommage d'ailleurs, ca nous aura probablement gache un peu de notre plaisir.

On est vite alle chercher nos surfs et puis de quoi s'abreuver, et on a passe la soiree a poil (jusqu'a ce qu'on soit envahi par les moustiques) a se baigner et puis finalement a discuter de choses profondes. Dans se genre d'endroit, c'est difficile de parler pour ne rien dire.

Le lendemain, j'etais reveille en premier et je me suis dis qu'une petite marche ne me ferait pas de mal parce que j'avais un peu mal au crane. J'avais trouve un sentier acceuillant et je m'y promenais tranquillement, quant a un detour du sentier je me retrouvais face a face avec un gros et grand kangourou. Debout, les oreilles dresses, a 5 metres de moi peut-etre. Incroyable! Je restais immobile, ne sachant a vrai dire absolument pas si cette creature pouvait ou non m'attaquer ; ce qu'il ne fit pas, meme quand j'essayai de l'approcher en sautant pour lui faire croire qu'on etait de la meme espece. Perspicace le kangourou, il a dessuite compris que j'essayai de le feinter et il s'est barre dans les fourres.

Dans l'apres-midi, on est reparti bien decide cette fois a atteindre notre destination finale : Byron Bay. Ce qu'on ne fit pas. C'est que sur le trajet, il y avait cette autre plage. Pas vraiment sauvage, mais avec des vagues immenses, 2-3 metres, ce qui est enorme. Moi, le noob de bondi beach avec mes vagues de 1 metre a tout casse, j'ai compris ma douleur, et ma frayeur. Quand tu es couche sur ta planche, une vague de 3 metres ca donne un peu l'impression qu'un immeuble va te tomber sur le crane. On se sent vraiment minuscule. Surtout que je suis tombe pas mal de fois. Et quand ca arrive, tu bois, et tu pries de ne pas te manger la planche dans la tete.

Apres 2 heures de surf on etait epuise. on a dormi sur le parking pour enfin, arriver a Byron Bay. Que dire de cette petite ville. Rien, vous connaissez ; station balneaire pour touristes qui n'a d'autres attraits que son paysage exotique. Magasins, claquettes et anglosaxones grasses et vaines ; bars, boites, ou les gens desoeuvres se rendent, guides par l'espoir d'une possible relation sexuelle. Et meme pas possible dans cette cite decadante de gouter aux plaisirs de la decheance ; tout ferme a deux heures, tout est sous controle ; a gerber ce petit paradis artificiel pour presque-humain.

Je n'ai donc pas fait long feu. Mes deux comperes se sont installes dans un camping, moi dans un backpaker et entoure de tous ces gens, je me sentais bien seul. La n'etait pas mon seul soucis ; avec le voyage j'etais a sec. Je dois dire que ma situation financiere devenait plus que critique, c'est a dire qu'il me restait 150$ ou 100euros.

J'ai passe quelques coups de fils, et je me suis trouve un bus pour l'endroit ou je suis maintenant ; Bundaberg. Une ville encore plus au nord, entouree d'exploitations agricoles.


***

Apres avoir paye le billet de bus et atteri dans un backpaker pourri, il ne me restait plus que 5$ et toujours pas de boulot en vue. Je commencais a me dire que j'allais finir par dessecher dans un fosse sur le bord de la route, quand on m'apprit qu'il y avait un super backpaker ou on pouvait bosser 7 jours sur 7 aux abords de la ville. J'y allais a pied avec mon gros sac et tout l'espoir du monde, et cette fois la chance fut avec moi. Apres une discussion animee avec le gerant - pas facile a attendrir les locaux :D - , j'avais un toit et un boulot le lendemain. Manquait plus qu'un peu de manger et j'aurai ete content. Pendant les 11 jours ou j'ai bosse sans repos, je me suis nourri de noodles et d'eau tiede, et puis de quelques trucs que je chippais a mes voisins de temps en temps ; qu'est ce que vous voulez, les temps sont durs ^_^

Apres ces 11 jours qui me parurent plus long qu'une vie, me voila a nouveau sur les rails. Le patron qui voulait etre paye m'a file des bons boulots -les plus durs- et j'ai deja gagne ce que j'avais quand je suis arrive ici. Moins les 2 semaines que je devais et celle qui vient - 450$. L'enfer pour moi n'est pas fini, je pense rester dans ce backpacker - qu'ici on surnomme "le goulag", et pas simplement parce qu'ici il n'y a que des coreens, mais parce que tous les jours on en bave, qu'on souffre et qu'on a legerement l'impression d'etre des pompes a frics - jusqu'en fevrier, ou en tout cas lorsque j'aurai au moins 3 ou 4000$ sur mon compte.

Voila plus ou moins le recit de mes aventures et la raison de mon silence ; et non je ne suis pas mort mais finalement c'est par chance. J'ai bien d'autre choses a raconter mais qui sont d'un autre registre. On verra ca plus tard.

Bisous!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Putain, surfer sur une plage déserte habitée par des kangourous, si c'est pas le reve australien ça !
Encore 2 ou 3 posts comme ça et je prend le prochain billet pr Sidney :/

Zion a dit…

mytho :)

Anonyme a dit…

Well said.