jeudi 4 juin 2009

Le faux voyage

Le voyage existe-t'il encore?

Si je décris le voyage dans son contenu le plus positif, je dirai que c'est une errance, une recherche, une déshabitude. Qu'il va vers l'inconnu.

Je voudrai que le voyage soit une aventure, et je voudrai que la vie soit un voyage. Si je l'oppose à la bourgeoisie, je ne me trompe pas tout à fait. La plupart d'entre nous sont bourgeois ou rêve de l'être ; nous le sommes donc tous, au moins en esprit. Or la bourgeoisie ne rêve que de sécurité et de confort. Bizarrement je n'opposerai pas la sédentarité et le voyage. C'est que les kilomètres aujourd'hui ne représentent plus grand chose. Le monde entier a été organisé de manière à ce que le confort soit partout, et qu'il est possible, ou plutôt impossible d'y échapper.

Pourquoi voyage t'on aujourd'hui? Est-ce la recherche existentielle, le désir de rendre plus complexe et plus profond le monde dans lequel nous évoluons chaque jour, de reprendre ce que le quotidien nous enlève en nous mettant face à un paysage unique et simplifié ; Est ce le désir ambitieux de découvrir les multiples facettes d'un monde vaste, de se heurter aux puissances infinis que régissent notre univers ; Ou encore la volonté de redéfinir le réel, de le rendre plus présent, de le recréer en nous : d'investir le décor, et de faire le lien entre nos sensations et les objets.

Je parle ici de cette sensation frustrée ; celle où le sens simple des choses échappent. Des sens anesthésiés qui transportent le corps dans un monde quasi virtuel ; ou ce qui nous entoure n'est plus qu'informations utiles, et presque sans substance.

La redécouverte de ces sensations pleines, ne peut se faire je crois, qu'au travers d'un processus de redécouverte du réel. Or le réel s'efface principalement avec la fiction du quotidien, de l'habitude, du confort, et de la sécurité. Pourtant aujourd'hui, les gens qui rêvent de s'évader, et qui se tournent naturellement vers le voyage, ne changent à peu près rien de leurs habitudes. Ils suivent, par manque de courage, d'investissement, de possibilités, d'imagination, les propositions et les moyens connus à ce genre d'entreprise ; voyages organisés, hôtels, musées, pèlerinage touristique sans attraits réels. Munis d'une bible touristique, ils ne découvrent jamais, au mieux, ils redécouvrent. Le voyage prend une dimension sociale plutôt qu'une quête personnelle ; sous couvert de souvenirs, l'appareil photo devient la preuve des endroits qu'ils visitent, pourrai-je dire qu'ils conquièrent, et la conquête du réel et du nouveau, ne devient plus qu'un processus imaginaire, une mise en scène. Il s'agit pratiquement de valider un nombre de fausses expériences à accomplir, tout au long de sa vie, de valider des destinations, comme en atteste Facebook qui propose une carte, visible de tous bien évidemment, de toutes les villes et pays visités.

A Toulouse, je vois des touristes sans tête déambuler avec à leurs cous, tout un tas d'appareils de grandes technologies. Ils avancent le regard vers le haut, les bras croisés dans le dos. Ils errent, mais d'une errance triste. Ils pensent peu à ce qu'ils voient, et je ne saurai leur en vouloir ; ils marchent par devoir, sans autre intérêt que de justifier leur entreprise. Ils visitent la cathédrale St Sernin, et ressentent une vague émotion, prennent quelques photos pour tenter de la capturer, font mine de s'y intéresser. Au Japon, mêmes appareils, beaucoup de cinéma, et encore plus de sérieux.

Ces critiques sont faites sans rancunes ; si le voyage est ce qu'il est, c'est qu'il est difficile maintenant de faire autrement. Ou qu'on aille, tout à été déjà découvert, et tout ce qu'il y a à voir a été mis à disposition. Ainsi, en voyage, qu'on le veuille ou non, on suit un parcours, on paye pour entrer. Difficile d'y trouver l'inconnu, difficile de l'accepter, et de ne pas jouer.

samedi 7 mars 2009

Le droit de vivre?

Je viens vous parler d'une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques temps. Si je vous disais que beaucoup d'hommes ne trouvent pas la paix a cause d'une confusion culturelle? Je suis a peu près sur que si on faisait la généalogie du thème sur lequel je me lance, on trouverait des conclusions différentes. Je me fiche pour autant de savoir si ce que je dis est vrai, l'idée en elle même n'est pas idiote.

Je lisais dans "l'homme révolte" de Camus, un passage ou il disait que ce qui poussait la révolte métaphysique de l'homme, était que l'idée de droit avait évolue chez l'occidental plus rapidement que ses droits réels. Traduction a ma sauce ; l'occidental a pris conscience de la valeur de sa propre vie sans avoir de quoi payer. Autrement dit il en connait le prix, mais nait il pauvre.

Commençons par le commencement. Ou plutôt par le mien. Démarrons par notre bonne vieille révolution française, et par l'instauration de nos trois valeurs fondamentales ; liberté, égalité, fraternité. Il est important de comprendre qu'a cette époque, le droit d'exister s'exprime par rapport aux autres hommes. C'est le droit de vivre en égal a cote de tout le monde qui est proclame et voulu. Même si la révolution est aussi la fin du règne de Dieu sur terre, et le début du règne des hommes, je choisi au risque de me plante, de considérer l'évolution uniquement d'un point de vue sociale et non métaphysique, de dire que leurs objectifs étaient uniquement de se libérer de l'oppression humaine, et non de leur condition d'homme.

Tout cela pour dire que l'idée de droit, de ce que nous gagnons a la naissance, n'a jamais ete autre que des droits a l'intérieur de nos sociétés. Il n'y a jamais eu de droit d'exister. Nous sommes la, gratuitement, par hasard, et donc sans raison. Or, je suis peut-être une exception, et j'ai peut-être mal interpréter le comportement de beaucoup de mes "frères" contemporains, mais il me semble que l'idée de droit s'est développe d'elle même jusqu'à cette affirmation (qui ne vient vraiment pas d'elle même si on y réfléchit!). Nous avons le droit d'exister. Par rapport a qui avons donc nous le droit d'exister, indépendamment des autres hommes? On voit bien que cette idée de droit d'exister est absurde ; un droit exige une référence, que nous n'avons pas dans ce cas précis.

Je prétends donc qu'il y a une confusion entre le droit d'égalité et d'exister. Il m'est arrive souvent d'entendre des gens se plaindre d'injustice dans des cas dépassant totalement le cadre de la législation ; la force ou l'intelligence de quelqu'un, ou d'aptitudes quelconques. Il y a beaucoup d'autres symptômes, plus difficile a juger, comme la comportement et les aspirations des gens. Extrême ambition, désir d'absolu, orgueil puissant, toute puissance, qui ne sont pas des sentiments nouveau mais de plus en plus rependus.

Or il me semble que ce sentiment est dangereux. En mettant a part l'idée que le droit d'exister est absurde, il en reste encore ses conséquences. Avoir le droit d'exister, c'est pour l'esprit exigeant, rechercher une justification de son existence ; un droit implique forcement des devoirs puisqu'ils s'inscrit automatiquement par rapport a un système de référence. On a un droit par rapport a quelqu'un, ou quelque chose. Or, pour les sans-dieu comme nous, il n'existe aucun autre juge que nous-mêmes. Il nous faut donc nous justifier devant les autres, et surtout, devant nous même. C'est ce besoin de justification que je nomme "prix de la vie" ; devoir que l'on s'impose soi-même, et sans condition. Un ami me disait encore, "j'ai besoin d'être fier de moi, de m'aimer, et je ne le pourrai pas tant que je n'aurai rien bâti", sentiment finalement rependu chez la plupart d'entre nous. Sentiment qui nous parait normal, noble et qui pourtant me parait être une absurdité en plus d'être une insulte a ce cadeaux miraculeux, incompréhensible et mystérieux qu'est la vie.

On peut dire aussi que considérer qu'on a le droit d'exister, c'est dire "exister c'est normal". Au risque de me contredire, si exister est un droit commun, la notion de rareté disparaissant, la valeur de la vie en prend aussi un coup. Même si ces deux idées sont paradoxales, c'est probablement une des nombreuses contradictions que nous portons en nous. Nous sureveluons notre existence en oubliant qu'elle est donnée, et en même temps nous lui ôtons sa valeur en la légiférant.

La confusion culturelle dont je voulais parler a donc été exprimer ; je fais une distinction entre deux droits d'exister : celui d'exister parmi les hommes, et un "nouveau", que je perçois, qu'on pourrait appeler, droit métaphysique d'exister. Or, il me semble que de l'un, nous somme passe naturellement a l'autre, comme une suite logique dans notre émancipation. Or ce que je souhaite dénoncer, c'est que non seulement ce droit n'est pas fonde, mais qu'il est en plus néfaste a notre façon d'aborder la vie, puisqu'il nous oblige a nous justifier.

***


J'ai tant bien que mal voulu exprimer dans ma première partie, que je perçois un sentiment de droit (que j'ai nomme droit a l'existence) qui me parait ne pas être justifie, ni justifiable, et que je trouve dangereux, parce qu'il simplifie la vie, et notre perception de la vie, en nous obligeant a la concevoir comme une ligne droite, une voie destinée a notre élévation, et a notre justification dans le monde. Je sais qu'il est peut-être un peu prématuré de penser que ce besoin de justification et de sens vient absolument de ce sentiment de droit. Pour être honnête, c'est une intuition que j'ai du mal a exprimer, mais dont je suis quasi-convaincu.

Considérons donc, s'il vous plait, que mon intuition est juste.

Ce que je prêche aujourd'hui, ça n'est finalement rien d'autre que l'humilité. La meilleure façon de vivre, non pas dans ses actes, mais dans sa manière d'aborder les choses, est probablement de toujours avoir en tête, que de tous les devenir possibles, celui qui sera sans nul doute est la mort ; qu'au final donc, nous passons sur terre et que rien ne restera d'autre de nous que la mémoire de nos proches, mémoire qui elle-même disparaitra avec le temps. Même Nietzsche et les autres seront oublies un jour, il n'a nul doute a cela. Rien de très original, cependant, vivant dans notre monde, j'ai la forte impression qu'assez peu de personnes voient les choses sous cet angle. D'aucuns préfèrent ne pas y penser, ce qui est inévitable viendra tôt ou tard, donc ne nous en préoccupons pas. C'est dommage! Parce qu'il me semble que c'est une des conditions de notre existence, et que l'oublier, c'est oublie ce qu'on est.

Mais je m'egarre. Ah non, pas tant que ça. J'allais lier le besoin d'être justifier au devenir. Et le devenir aux jeunes. Jeunes qui ne vivent la plupart du temps, qu'en pensant a ce qu'ils deviendront plus tard, et qui se transposent plus dans leur avenir incertain (certain en vérité^^) que sur les moments qu'ils vivent.

Dans l'idéal, je voudrai vivre ma vie comme celle de Benjamin, dans "The curious case of Benjamin Button", un type qui nait vieux et qui meurt jeune. Je sais c'est bizarre, mais plus important, parce qu'au début on ne le sait pas, c'est la manière très humble et naïve dont il appréhende l'existence. Comme il est suppose mourir a tout instant, il voit le monde comme immense, pluriel, inaccessible, mystérieux. Il n'est destine a rien, parce qu'il n'a pas d'avenir. Il vit au jour le jour. Tout est enchante, parce que chaque fois qu'il devient quelque chose, il ne se pose pas la question de savoir si ce qu'il est est en accord avec son immense ego, puisqu'il n'en a pas. Il est humble, devant le monde, parce que le monde est infini et pas lui : il est a sa place.

Je n'ai rien ceci dit contre l'ambition (ni contre ceux qui ne sont pas d'accord^^), parce que l'humilité a laquelle je pense, est métaphysique ; elle ne concerne que ce sentiment de droit d'exister, et non celui du droit d'exister parmi les hommes.

Et non je me suis pas mystique!


Je sais aussi que beaucoup de gens, vivent en se disant, il faut qu'au moment ou je meurs, j'ai le sentiment d'avoir bien vécu, que je ne regrette rien. J'en connais qui peut-être, ne vivent que pour ce moment la.

jeudi 1 janvier 2009

La chambre

Bonne année.. non jdéconne


Il faut imaginer une pièce d’un blanc immaculé. L’espace est si clair qu’on n’y distingue aucune limite. Il n’est pas dit qu’il y en ait : c’est peut-être infini ici, pourtant parfois, en marchant on se cogne contre une surface lisse qu’on ne perçoit qu’au toucher. Difficile de dire pour autant que ces murs sont toujours présents ; je crois qu’il m’est arrivé de marcher longtemps sans ne rien heurter. J’ai pu tourné en rond.

J’ai toujours vécu ici, pour autant que je m’en souvienne. Avec deux autres. Je dis qu’ils sont autres et pourtant parfois j’en doute. C’est difficile à dire encore une fois, parce qu’il y a peu de choses pour en juger ; à première vu ils sont bien deux entités différentes, avec des comportements qui leurs son propre, mais ici, dans ce blanc pur et soumis aux mêmes lois, je crois que nous partageons tellement de sentiments que nos gestes nous différencient à peine.

Nous ne parlons plus depuis longtemps. Est-ce que nous avons déjà parlé ? Sans doute au début ; quant encore on essayait de comprendre. Je pense qu’avant toute action d’envergure, j’entends d’action de vie, il y a une phase d’intellectualisation que suit la résignation. Quant il n’y a plus rien à comprendre, il faut bien admettre. Les grandes questions sur ce que nous pouvions être et concernant les raisons de notre existence ont été laissées de côté en même temps que nos dialogues. A quoi bon parler quand tout a été dit.

Si j’arrive encore aujourd’hui à nous différencier, c’est qu’a cet instant Bleu et Long, se sont mit à agir. Moi je n’ai plus jamais rien fait. Je me suis assis et j’ai commencé à rêver devant un hublot d’où sortaient quelques sons étranges. Ca n’est pas que leur entreprise me soit incompréhensible ; peut-être même que je les admire. Je suis un peu mesquin, et donner mon énergie gratuitement me coûte un peu. Bleu est plus généreux. Je le vois souvent taper sur quelque chose ; ce doit être le mur. Je l’entends crier et rager, courir, heurter sa limite et s’écrouler. Il reste parfois allongé longtemps, mais finit toujours par se relever pour recommencer. Je ne crois pas vraiment qu’il espère quoi que ce soit ; il fait ça pour s’occuper. Long est de l’autre côté. Il dessine. Je ne sais pas bien quoi. Il utilise ses doigts et sa salive, et s’applique à maquiller sa limite.

Je ne sais pas bien si Long, Bleu et moi ne sommes pas qu’un.

jeudi 18 décembre 2008

trompé

j'écrirai la suite (inch'allah)

Il fait nuit. Je marche sur les trottoirs humides et la bruine me fait du bien. J’entre dans un café avec un espoir fragile que je ne discerne pas. La musique est forte et l’atmosphère chaude et liquide. Pour le moment je suis seul, les gens autours s’agitent dans un autre espace temps et je me fais l’effet d’un chevalier sombre errant dans les coulisses du réel avec gravé sur son air le sceau de celui qui voit ; mais qui ne peut pas être vu. C’est que je n’ai pas mis mon masque et que je n’ai pas de visage. Les hommes n’en n’ont pas. Je me dirige vers le comptoir et commande un whisky en matant la serveuse. Elle sait que je suis là et me sert mais son regard me traverse et me dénie ; je n’existe pas. Pas encore. Le liquide me réchauffe et je commence à me fondre dans le décor. Les altérations de l’espace temps se font moindre et je sors de ma poche un gros bout de peau que je colle sur ma tronche. C’est ma gueule des bons jours. Je viens d’apparaître et je lui jette un regard insolent ; elle me sourit et cette victoire soudaine me surprend. Il faut que j’aille aux chiottes m’enfiler quelques rails de coke. Je me fais deux grosses traces que je sniffe coup sur coup. Avec toute cette poudre dans le nez, mon masque tiendra 3 bonnes heures. Je le sens bien accroché et je retourne vers ma proie. Maintenant je me sens implanté ; le décor à toutes les apparences du vrai et je reconnais des gens avec qui j’échange des banalités. Ce qui est dit n’est pas important et je me concentre sur l’énergie que je dégage. Les femmes sont belles ici ; J’aborde une blonde aux longues jambes et ses yeux bleus de fausse innocente m’émeuvent. Je discute un moment avec elle et la met à l’aise. Elle ne flaire rien du gouffre qui nous sépare et elle me prend comme un élément solide du décor. J’ai besoin d’aimer. Mon cœur saignant boulimique est affamé. Je danse avec elle et mes mains glissent sur son corps. Elle porte une robe simple en coton noire qui met en valeur la blancheur de sa peau et découvre ses jambes. J’ai envie de la baiser, et elle sent ma bite contre son ventre. Je la regarde en souriant et une étincelle animale transparaît sur mon masque. Je prend sa main et l’entraîne dans les toilettes et elle ne résiste pas. Avec l’excitation ma colère et ma tristesse ressurgissent et me rendent puissant. Elle est à moi, et dans les chiottes je l’aime passionnément. Pendant qu’on baise, je m’oublie un moment et nous ne sommes plus que deux corps unis à nouveau hors du temps. Mais je ne suis plus seul et le décor absurde de tout à l’heure n’est plus qu’un ronron heureux. Je jouis en elle et mon désir lui appartient. Elle me jette un regard doux et un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Elle me caresse le visage je crois pour me remercier de mon cadeau.

Dehors l’air est froid et la sueur à du mal à sécher. Je frissonne et je repense à cette fille. J’étais venu dans ce bar avec une tristesse profonde et j’en ressors lavé. Je sais que mon ego taillé ne guérira pas, mais la blessure ne m’intéresse plus. Ma colère est tombée et je m’aperçois même que je souris.

jeudi 15 mai 2008

Don't take life too seriously, because you are not gonna survive it

J'ai ecris ca pour moi, en pensant a je ne sais qui. Et puis par hasard, je retombe dessus et je trouve que c'est pas mal. Alors je le post, histoire d'entretenir ce blog que je delaisse. Pardonnez, c'est qu'en me relisant je suis toujours irrite par ma naivete. Bye, bonne lecture.


La difference entre eux et moi, c'est qu'il joue et moi non. Le point commun, c'est qu'ils sont serieux et moi aussi. Voila bien le probleme, je suis serieux, infiniement trop il faut bien l'admettre. Je vois les choses comme ca, un jeu avec des regles, un univers ou tout est permi, dans ses limites. Et moi je suis un penseur. Je frequente les limites et j'essaie de les comprendre, me convaincant meme qu'elles n'existent pas. Ce qu'il y a d'horrible c'est qu'il n'y a rien a part le jeu. Je suis un joueur tres serieux qui joue qu'il ne joue pas. Je voudrais rire, rire et m'en foutre a jamais, de ces grotesques. Mais j'ai peur que ce rire ne me glace le coeur. Que je ne devienne un monstre inhumain et au final deja mort. Je me disais, hors du jeu, il n'y a rien, alors joue, epouse les regles et devient en un maitre. Mais c'est deja un renoncement. Pas de liberte sans le jeu, alors la liberte dans le jeu. Puisqu'il faut jouer, alors jouons. Seulement je pensais que de jouer ca n'etait pas vivre. Je les voyais ces pantins et je me disais, meprisant, mais qu'ils sont tristes, deja mort, ils n'existent meme pas tellement qu'ils sont vains. Parce que moi j'existe peut-etre? Je peux me gorger de mes merites, me flatter d'etre un detenteur de verites.. La verite c'est que d'une prison je suis entre dans une plus exigue encore. Conscient.. D'etre seul. Alors je les mets en cause. C'est de leur fautes, a ces aveugles, c'est qu'ils devraient voir, et alors le monde serait meilleur et moi aussi. Je n'y serai plus seul dans ma prison. Et personne ne serait plus seul, car on saurait. Plus de vis prive, parce que la vie prive n'existe pas. Illusion. Du jeu encore, un mensonge destine a rendre la realite plus supportable ; on n'est unique en rien, et on partage tout. Les sentiments et les pensees.. Du flan. On pouvait rever, du temps ou on etait peu. Ou il restait encore a decouvrir. On revait avant la science, la psychologie, quand le monde, ou plutot l'homme etait encore un mystere. Maintenant le mystere il en reste, dans le sens mystere sans espoir. Le genre on est la sans raison. Dans un monde fini dans un univers infini et inconcevable. Il ne reste que des enigmes insolubles qui brisent l'esprit avec une deroutante facilite. Il ne reste plus que le jeu. Du jeu parce que dans ces conditions, qu'est ce qu'on pourrait bien entamer de serieux. Il faut aller quelque part ou n'aller nulle part. Vu qu'individuellement, on est a peu pres sur qu'on va crever, il faut croire en l'homme ou il ne faut croire en rien. Moi j'y crois plus, et je dois dire aussi que je suis presse. J'ai envie de vivre voyez vous. Mais je sais pas comment on fait. Pour vivre sans n'aller nulle part. Juste comme ca, pour le plaisir de gesticuler, de s'agiter. Le mieux c'est de ne pas penser, et pour ne pas penser il faut la routine ou la necessite. L'endormissement ou l'asservissement a des pulsions animales. Est ce que je suis plus humain parce que je pleure devant cette bassesse? Est ce que j'en suis plus noble? Ou tres idiot de me laisser a lire mon coeur, et de sentir en tout mon etre une rage infinie qui ne sait vers qui se tourner. Pardonnez moi, je suis un Homme et ceci est mon histoire, tragique et pathetique, teintee d'un deraisonnable espoir. Je sais tout et des grands je n'apprends que du detail. L'essentiel est la et distraitement je pense a Camus et a ses solutions, pleine de noblesse qui a decider face a ce dechirement qu'il serait un prince revolte et absurde. Il a dit qu'il lutterait pour le plaisir et qu'il jouerait tout en sachant que c'est idiot. Mais comment faisait-il face a cette solitude? Peut etre est ce l'Australie. La langue, tout ca. Alex tu me manques mon frere et ton silence m'attriste. Par moment je dis que la vie est epaisse. C'est que je suis heureux. Car je me sens vivant et que soudain mon devenir prend forme. Mon avenir d'homme dans ce monde tragique et fourmillier. Des centaines d'opportunites s'ouvrent a moi, et ca n'est que pour mon plaisir. Je m'imagine alors dans cet univers colores et j'y tiens divers roles. Le grand jeu devient un principe abstrait et je n'y pense plus guere. Ma vie s'enrichie, et de reves et d'emotions, et je me rend bien compte que c'est bon de n'etre pas si serieux. Qu'il faut un peu d'innocence pour que la vie prenne du coffre. L'innocence pour les couleurs et le mystere, l'humilite pour accepter de n'etre que ce qu'on est, et d'en etre bien content. Ou mieux encore de ne pas y penser. Moi et mon incommensurable ambition. Mon desir souverain d'exister. C'est que j'aurai donne ma vie pour l'immortalite! Et pourtant l'immortalite n'a pas d'odeur. Elle est blanche et bien propre. Elle est loin perchee au milieu des etoiles et brille de sa perfection. Alors que j'aime le vieux et les odeurs. J'aime.. j'aimais les hommes, en tout cas. C'est dur de ne pas tomber dans les travers de l'habitude et du pressentiment. De ne pas soudain retomber dans l'absurde, et de voir les objets perdre de leur substance, de ne devenir que des idees. C'est que j'ai ce citron sous les yeux et je n'arrive pas a voir un vrai citron. Celui la me parait insipide. Il joue au citron. Quand je vois la vie epaisse personne ne joue. Personne n'est serieux non plus. Ils sont juste comme ca. C'est leur nature. Comme j'envie ceux qui n'ont pas l'imagination des principes. Comme j'envie les vivants. Car decidement, exister, ca n'est pas cette errance aux confins des limites du jeu ; exister c'est un parti pris. Devenir objet, substance, pour peser parmis les objets.Non, decidement, non. On n'existe pas le coeur glace.

jeudi 20 mars 2008

Cacapitalisme

Quand j'y pense, j'ai de la peine. C'est comme si nous étions les arbres d'une foret tropicale, et qu'il fallait se battre pour la lumière. La lumière pour les arbres, c'est la vie ; mais pour nous, qu'est ce que c'est?

Apparemment ça n'est ni l'eau ni la nourriture, ça n'est pas non plus un toit et de quoi se protéger des éléments hostiles, ni le confort élémentaire de l'homme moderne c'est à dire une télévision, un lave linge et un aspirateur. Parce qu'il faudrait une crise économique majeure pour que ces basiques disparaissent.

Ca n’est pas vraiment habile de ma part de démarrer par cet exemple. C’est qu’au départ, j’insinue que dans cette lutte à la lumière, les ressortissants de chaque pays sont responsables des valeurs et des buts qu’on choisit leurs sociétés. Or il est évident que ça n’est pas le cas. Si aujourd’hui nous sommes dans l’ère de la démocratie et du vote, notre part de décision est restreinte à des propositions. Ces propositions naissent, et sont crées pour répondre, paraît-il, a des impératifs (qui tournent autour de la guerre économique), et à une amélioration de notre quotidien. Ce qui est étonnant ou plutôt ce qui m’étonne, c’est que les gens puissent accepter de se voir restreindre leurs libertés à du pré-mâché, et puissent se laisser berner par l’air grave de nos politiciens.

Je sais bien que juger n’est pas facile, car il s’agit de choisir et d’émettre un jugement de valeur en même temps. Or comment choisir, si nous ne pouvons pas sortir de notre propre représentation du monde. Pour juger, il faut au moins pouvoir comparer. Cette impossibilité de sortir de cette simplification de l’existence vient de plusieurs phénomènes, dont je ne ferai pas de liste exhaustive maintenant. C’est qu’ici mon but n’est pas de critiquer les individus, mais la responsabilité des pouvoirs, et humaines en tant qu’espèce.

Le principal responsable peut-être, est la télévision, qui est mon dieu, parce qu’à toute heure c’est le son rassurant du ronron du monde, le bruit de la fourmilière et je sais que c’est une vérité ; que je sois la ou non, il ne s’arrêtera pas. C’est ainsi que je rythme ma vie, et que se forme l’image que j’ai du monde. Un univers qui s’arrête confortablement aux frontières humaines, et qui oublie les nombreux mystères que propose l’existence, donnant à l’avance des valeurs et exemples type, qui répondent aux questionnements humains. Evidemment, seule n’est pas en cause la télévision. Les choix éducatifs, et l’ensemble des autres médias s’ajoute à ce qu’on pourrait appeler propagande.

Si propagande il y a, c’est que derrière se cache un but et donc des valeurs (ou l’absence de valeur, ce qui dans un sens est la même chose, puisque c’est la volonté de puissance et donc de dominer qui surgit du nihilisme. Or si la domination ne peut pas être une valeur, elle peut être au moins une règle, et donc un but.). Le fait est qu’il est difficile de savoir si à l’intérieur de notre système capitaliste, se cache un but autre que l’expansion économique et de l’éternel jeu de dominé/dominant très divertissant je l’admets mais parfaitement idiot, puisque non seulement il suscite une incroyable quantité d’énergie, mais parce qu’il ne mène nulle part. Il semble à ce sujet décevant de penser, que la propagande en question n’ait pas d’objectifs grandioses, mais l’idée simple de régir le monde de façon à faire le plus de profit possible. Argent étant synonyme de pouvoir, il s’agit donc de régner. Je pense à Aldous Huxley ou à George Orwell et à leurs romans d’anticipations et je dois admettre que leurs scénarios restent incroyablement pertinents aujourd’hui.

Quelle est le réel but de ce message ? Simplement de dénoncer un système qui ne nous laisse que le choix d’une vie individuelle. Individuelle puisque sans sens. Il n’y aura jamais de vraie solidarité tant que nous serons dans une optique de plaisir personnel. Et je ne vois pas comment combattre l’individualisme dans notre situation actuelle. Il s’agirait de demander aux gens de croire en des valeurs qui ne reposent sur rien. Des coquilles creuses. Nous voilà face au monde absurde dont parle Camus, et aux solutions de notre époque. L’abandon de tout espoir d’immortalité et donc d’espoir (Dieu est mort). Pourquoi alors penser plus haut que son propre plaisir ? Pourquoi aller au-delà de sa propre vie ? Je ne le sais pas moi-même, je ne peux que constater la décadence et les paradoxes dans lesquelles nous sommes tombés.

mardi 11 mars 2008

24 heures a Bundaberg

Il est Jeudi 21 fevrier et je vais me coucher. J'ai trop mange et je sais qu'il va etre difficile de dormir. Il me reste pourtant 6 heures de sommeil. A 3h55am, les trois allemands se leveront pour partir travailler et me reveilleront. 20 minutes plus tard mon reveil sonnera.

Je dors mal. Je sue, je bouge sans arret pour trouver un coin sec. Mon lit est trop petit. J'ai soif, je me leve et bois d'un trait les deux litres que j'ai du perdre dans les draps. J'ouvre la porte pour fumer une cigarette et une brise chaude me leche le visage. La nuit est belle et silencieuse. J'allume ma clope et je me decontracte en regardant la lune, ronde et lumineuse. Je suis en paix pendant quelques minutes, mais il faut retourner se coucher. Mon lit est trempe, je sais que je ne dormirai pas.

5h15, le bus demarre. Je me suis cache sous ma casquette, le casque sur les oreilles et j'ecoute pour la énième fois High Hopes des Pink Floyd. Le ciel comme toujours est impressionnant. Des convois de petits nuages, et des mastodontes immenses aux formes etranges. Un air de fin du monde, ou de renaissance. Le soleil se leve et l'ensemble est indescriptible. Noir, gris, blanc et puis bleu et orange. Le chauffeur est dingue, il fonce comme d'habitude et aucun de nous n'est attache. Je m'en fous, je regarde le paysage defile, et encore une fois je ressens cette agreable sensation d'etre bien loin de chez moi. La terre rouge et les arbres fous entourent la route ; des champs sur ma droite, a perte de vue, a gauche une jungle semi-tropicale ou se cachent quelques kangourous. La route est pourrie, moitie piste et moitie terre, je jette un œil sur le compteur ; 120 km/h. Ah ouais quand meme. 3/4 d'heures plus tard, je suis completement paumé. Je me demande comment il peut savoir ou il va ; et pourtant on finit par arriver. On s'engage dans un petit chemin que longe un champ immense. Il a beaucoup plut ces derniers jours, et la terre qui semble seche, n'est qu'une grosse eponge. Elle cede sous nos roues et on s'embourbe. Tout le monde descend et il faut pousser, creuser et poser des planches. 20 minutes plus tard je prends place sur la remorque du tracteur, pres a depenser 9 heures de mon temps a planter des citrouilles. Journee facile aujourd'hui, premiere fois en deux mois que je travaille assis.

16h00, on est couche sur la route, a l'ombre d'un grand arbre. On joue au juste a l'heure, un jeu debile ou il faut deviner l'heure ou le bus arrivera. Je gagne cette fois, le bus arrive 7 minutes avant ma prevision ; 16h41. Je m'endors, on fait des detours pour aller chercher d'autres backpackers travaillant dans une autre ferme, on roule, on arrive, il est 18 heures.

Je suis creve et affame ; je me fais mon plat prefere, noodles et œufs avec une tonne de fromage. Et je m'affale sur un vieux divan defonce, le ventre plein et matte un film en anglais et suis content de comprendre sans sous titre. Je suis fatigue. J'attend juste que le nouveau planning de boulot soit affiche et puis je vais au lit. Il va faire chaud demain, et ils vont probablement nous faire bosser tres tot. Ah, non, apres avoir jeter un œil sur la feuille, j'apprend que je ne bosse pas du tout, et ca me fait chier, et en meme temps j'entends une petite voix bien profondement enfouie qui murmure "yekyekyek". Du coup, et malgre ma fatigue j'accompagne deux copains pour aller boire une biere au pub local. C'est glauque mais c'est divertissant.

Ce soir justement, c'est soiree karaoke, c'est marque sur le panneau. J'apprends en meme temps que c'est carnaval, en croisant une flic gothique, un indien obese, un homo pd et d'autres aux deguisements indefini. Apres deux bieres, avec la fatigue, je suis deja affecte par l'alcool, et je regarde ces gens avec une acuite particuliere. Bundaberg est une ville de pauvres fermiers incultes et grossiers, qui ressemble en tout point aux petites villes perdues des Etats-Unis. On les sent depasser ces pauvres gens, vivant a fond le pathetique de leur vie inutile. Habituellement, confronte a ce genre de situation, je reagis par le mepris ou par la compassion. Ce soir je m'apitoie ; je suis eux. Je vois ce gros bonhomme en chemise blanche, les cheveux rase pour cache sa calvitie, qui danse, une canette a la main, qu'il engloutie pour effacer les doutes, pour se gorger de se sentiment puissant qu'il ressent mais qu'il sent gras, et je le vois sourire et s'effacer, d'un geste un peu trop prononcer pour etre reellement sincere, devant une fille, et je sais que dans 1 heure il sera agressif. Il y a cette grosse, presque desirable, a moitie couche sur la table, son verre a moitie plein a sa gauche ; elle s'est deguise en presque-princesse et elle me touche avec son air de jeune fille brisee. J'imagine son espoir minable, lorsqu'elle s'est habillee, et sa tristesse m'engloutie. Ils sont tous laids ; physique ridicule, gauche et sans talent, surtout cette petasse, la plus belle, qui hurle dans le micro et qui me casse les oreilles. Elle a un truc en plus, elle sait ; et elle existe sur leur peine. Ils sont laids, tous, mais ils sont beaux aussi, et je souris parce que tout ce qu'ils ressentent, et leur miserable cirque, me renvoie a moi. Ce sont mes freres. Un petit billard avec un aborigène ventru, une longue discussion avec mon pote chilien, quelques bieres et il est deja 1 heure. Je suis epuise. Je rentre et m'endors instantanement.